QUOIST MICHEL [1918-1997]
Ma plus belle invention: c'est ma Mere
Ma plus belle invention, c'est ma Mère. Il Me manquait une Maman, et Je l'ai faite. J'ai fait Ma Mère avant qu'elle ne Me fasse. C'était plus sûr. Maintenant, Je suis vraiment un homme comme tous les autres hommes. Je n'ai plus rien à leur envier, car J'ai une Maman, une vraie. Elle me manquait.
Ma Mère, elle s'appelle Marie, dit Dieu. Son âme est absolument pure et pleine de grâces. Son corps est vierge et habité d'une telle lumière que sur la terre, Je ne Me suis jamais lassé de la regarder, de l'écouter, de l'admirer. Elle est belle, Ma Mère, tellement que, laissant les splendeurs du Ciel, Je ne Me suis pas trouvé dépaysé près d'elle. Pourtant, Je sais ce que c'est, dit Dieu, que d'être porté par les anges : ça ne vaut pas les bras d'une Maman, croyez-Moi.
Ma Mère Marie est morte, dit Dieu. Depuis que j'étais remonté au Ciel, elle Me manquait, Je lui manquais. Elle M'a rejoint, avec son âme, avec son corps, directement. Je ne pouvais pas faire autrement. Ca se devait. C'était plus convenable. Les doigts qui ont touché Dieu ne pouvaient pas s'immobiliser. Les yeux qui ont contemplé Dieu ne pouvaient rester clos. Les lèvres qui ont embrassé Dieu ne pouvaient se figer. Ce corps très pur qui avait donné un corps à Dieu ne pouvait pourrir, mêlé à la terre... Je n'ai pas pu, ce n'était pas possible, ça M'aurait trop coûté. J'ai beau être Dieu, Je suis Son Fils, et c'est Moi qui commande. Et puis, dit Dieu, c'est encore pour mes frères les hommes que J'ai fait cela. Pour qu'ils aient une Maman au Ciel. Une vraie, une de chez eux, corps et âme. La Mienne.
C'est fait, Elle est avec Moi, depuis l'instant de sa mort. Son Assomption, comme disent les hommes. La Mère a retrouvé son fils et Le fils sa Mère. Corps et âme, l'Un à côté de l'Autre, éternellement. Si les hommes devinaient la beauté de ce mystère. Ils l'ont enfin reconnu officiellement. Mon représentant sur terre, le pape, l'a proclamé solennellement.
Ca fait plaisir, dit Dieu, de voir apprécier ses dons. Depuis le temps que le peuple chrétien avait pressenti ce grand mystère de Mon amour filial et fraternel... Maintenant, qu'ils l'utilisent davantage, dit Dieu. Au Ciel, ils ont une Maman qui les aime à plein coeur, avec son coeur de chair. Et cette Maman, c'est la Mienne, qui Me regarde avec les mêmes yeux, qui M'aime avec le même coeur.
Si les hommes étaient malins, ils en profiteraient, ils devraient bien se douter que Je ne peux rien lui refuser.
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