MERCIER LOUIS-SÉBASTIEN [1740-1814]
Corona Virginis
Gabriel a franchi le seuil de la maison. La Vierge, sans savoir qu'un ange est derrière elle, Mains jointes, à genoux, demeure en oraison. Le printemps vient d'éclore et la lumière est belle.
L'ange retient le vent de son vol. Il se tait. Il admire. Pourtant, il vient du ciel. Sa place, Là-haut, est près du trône où Dieu flamboie. Il est L'un des aigles qui voient le soleil face à face.
Il vient du ciel. Son être est le miroir ardent Qui réfléchit la majesté des trois Personnes. Or, voici qu'à l'aspect d'une fille d'Adam L'ambassadeur ailé s'intimide et s'étonne...
C'est qu'il a reconnu sa Souveraine. Il voit l'Épouse que l'Amour éternel s'est élue. Et, le genou touchant la terre, d'une voix Où tremble le respect, il dit: Je vous salue.
* L’ange s'en est allé, sans laisser nulle trace. La chambre est humble et douce ainsi que chaque jour Le pavé luit et les meubles, bien leur place, Attestent le travail et l'ordre dans l'amour.
Le monde indifférent fait sa tâche ordinaire. Parmi les millions de vivants nul ne sait L'ineffable nouvelle apportée à la terre, Ni l'éclat de ce jour que le Seigneur a fait.
Seule la Vierge sait. Assise à la fenêtre, Qui regarde les champs et laisse voir le ciel, Elle médite, adore et concentre en son être Le message divin qu'apporta Gabriel.
Abimée au secret merveilleux qu'elle cache, Ses veux clos et les mains jointes devant son sein, Elle semble écouter battre, en son cœur sans tache, Le sang qui nourrira la chair du Fruit divin.
Un rayon de soleil joue autour d'elle. Il n'ose S'attarder sur Marie, ayant peur d'offenser Le vivant tabernacle où le Très Haut repose. Mais, sur ses pieds d'enfant, il, met un clair baiser.
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