VERLAINE PAUL - MARIE [1844-1896]
Saggezza II,2
Je ne veux plus aimer que ma mère Marie. Tous les autres amours sont de commandement Nécessaires qu'ils sont, ma mère seulement Pourra les allumer aux cœurs qui l'ont chérie.
C'est pour Elle qu'il faut chérir mes ennemis, C'est par Elle que j'ai voué ce sacrifice, Et 1a douceur de cœur et le zèle au service, Comme je la priais, Elle les a permis.
Et comme j'étais faible et bien méchant encore, Aux mains lâches, les yeux éblouis des chemins, Elle baissa mes yeux et me joignit les mains, Et m'enseigna les mots par lesquels on adore.
C'est par Elle que j'ai voulu de ces chagrins, C'est pour Elle que j'ai mon cœur dans les Cinq Plaies, Et tous ces bons efforts vers les croix et les claies, Comme je l'invoquais, Elle en ceignit mes reins.
Je ne veux plus penser qu'à ma mère Marie, Siège de la Sagesse, et source des pardons, Mère de France aussi, de qui nous attendons Inébranlablement l'honneur de la Patrie.
Marie Immaculée, amour essentiel, Logique de la foi cordiale et vivace, En vous aimant qu'est-il de bon que je ne fasse, En vous aimant du seul amour, Porte du ciel ?
Immaculée conception
Vous fûtes conçue immaculée, Ainsi l'Église l'a constaté Pour faire notre âme consolée Et notre fois plus fort conseillée, Et notre esprit plus ferme et bandé.
La raison veut ce dogme et l'assume. La charité l'embrasse et s'y tient, Et Satan grince et l'enfer écume Et hurle : « L'Ève prédite vient Dont le Serpent saura l'amertume » :
Sous la tutelle et dans l'onction De votre chaste et sainte mère Anne, Vous grandissez en perfection Jusqu'à votre présentation Au temple saint, loin du bruit profane,
Du monde vain que fuira Jésus Et, comme lui, toute au pauvre monde. Vous atteignez dans de pieux us L'époque où, dans sa pitié profonde. Dieu veut que de vous sorte Jésus !
L'ange qui vous salua la mère Du Rédempteur que Dieu nous donnait Ne troubla pas votre candeur fière Qui dit comme Dieu de la lumière : « Ce que vous m'annoncez me soit fait. »
Et tout le temps que vivra le Maître, Vous le passerez obscurément, Sans rien vouloir savoir ou connaître Que de l'aimer comme il daigne l'être, Jusqu'à sa mort, prise saintement.
Aussi, quand vous-même rendez l'âme, Pendant à votre conception Immaculée, un décret proclame Pour vous la tombe un séjour infâme, Vous soustrait à la corruption,
Et vous enlève au séjour de la gloire D'où vous régnez sur l'Ange et sur nous. Participant à toute l'histoire De notre vie intime et de tous Les hauts débats de la grande histoire.
[ Indietro ]
ANTOLOGIA DEI POETI Copyright © da PORTALE DI MARIOLOGIA - (1207 letture) |